La disparition

Au XVIIIe siècle beaucoup de savants étaient convaincus qu’à l’origine les sociétés humaines, orales, se cultivaient en vers et que la prose n’était apparue que bien plus tard, avec l’écrit : en toute logique historique, la prose était supérieure à la poésie parce que postérieure à elle. Aujourd’hui, une étape de plus est franchie : on préfère à la prose la communication rapide et le signe publicitaire. Or, la disparition de la poésie et de la littérature lente de « l’air du temps » a une conséquence terrible, qui est de vider la parole politique de son horizon littéraire et de la rendre gestionnaire ou technicienne, sans avenir autrement dit : écouter un homme politique aujourd’hui, c’est entendre le remplissage répétitif de formulaires à engendrer des phrases toutes faites.