La comprenette

@Albert Renger-Patzsch

Il y a des choses qu’on a eu envie de comprendre, mais qu’on ne comprend pas. D’autres que l’on a comprises sans en avoir eu l’envie. D’autres encore que l’on n’a pas comprises et que l’on ne veut pas comprendre. En plus de celles que l’on a comprises d’avoir voulu les comprendre.

À bien y regarder, nous pourrions dresser un portrait de chacun d’entre nous à partir de ces pauvres alternatives. Comme si ces très simples rapports au réel parvenaient à dessiner de façon quasi automatique nos refus, nos incapacités, nos désirs et nos habiletés (au demeurant, l’ensemble dépend simplement pour moitié du libre-arbitre, si l’on veut bien y réfléchir). On pourrait tracer par là, de façon élémentaire, mais aussi finement que des empreintes digitales, la piste particulière, complexe, définitive et passagère, que l’on nomme (pour tout simplifier) – un individu. Ou une sensibilité : car il arrivera toujours que certains réagissent à ce qu’ils ne comprennent pas par la peur, comme les chiens qui aboient devant l’inconnu qui passe.