Le Podcast des Voyages ordinaires 2, saison 2 – Laurent Wallez

Un jour, à l’approche du soir, alors que dans le ciel se bariole au minium une tentative de crépuscule sous une couche de nuages noirs, et que se réveille un éclairage urbain, orange lui aussi, tu t’arrêtes sur une place de village, encore étourdi du voyage et du bruit continu de la voiture.

Tu vas t’asseoir sur un banc, à l’ombre bleue d’un arbre.

Il n’y a personne dans la rue, qu’un grand silence froid et mélancolique, parce qu’on ne peut pas appeler bruits ces quelques poussières de sons que tu finis par distinguer venant d’une rue plus loin, d’une sorte de titre louré, électro, que tu ne saisis que par les basses.

Tu te dis : il y a un moteur au monde aussi. Ce peut être son bruit. Mais même cette métaphore ne t’amène pas plus loin que l’endroit mental où tu es, et tu as beau le déplacer sur une carte, tu y es, dans cette humeur, et tu y restes.

Et parlant de carte, ton regard s’arrête sur le vieux platane à côté du banc, au tronc bourrelé de chancres, avec ses écailles gris-vert qui dessinent autant d’îles et de récifs que sur un portulan du Moyen Âge, une illusion qui se précise d’autant plus que la lumière décline et que les exfoliations ocre de l’écorce prennent une couleur de parchemin, d’un vieux papier qui tamboure d’humidité et de vieillesse.

Tes yeux se perdent un long moment au-dessus de ces paysages.

Tu penses aux voyages et aux siècles passés.

Tu n’es plus rien.

Tu es consolé par un arbre. 

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